
Résumé :
Au terme de votre vie, à combien estimez-vous le nombre de minutes au cours desquelles vous avez commis une erreur irréparable ? De celle dont les conséquences régissent d’une douloureuse tyrannie vos agissements futurs jusqu’au trépas. Mon acte manqué ne dura pas plus d’une fraction de seconde et pourtant ma mémoire fracturée me renvoie sans cesse à cet instant précis tandis que la course du temps poursuit son inaltérable marche, m’éloignant toujours un peu plus de ce que j’ai perdu ce jour-là. Je me demande si notre dernière heure venue, les remords s’effacent, nous délestant ainsi d’un bagage bien lourd vers l’au-delà ou le néant, peu importe. Puis je me souviens alors qu’il s’agit là d’une délivrance qui m’est interdite, condamné à porter sur mes épaules ce fardeau à travers les âges, à moi qui suis immortel.
L’amour ne devrait jamais être éternel, car nul ne pourrait endurer tant de douleur.
Mon avis :
Roman que j’ai connu grâce au blog de Méli, je n’avais qu’une hâte : me le procurer et le lire. C’est ainsi que le jour même de sa réception, je me suis attelée à sa lecture, une lecture qui ne me laisserait pas de marbre et qui deviendrait un coup de cœur.
Lord Josiah Eddington Scarcewillow, vampire de son état, décide de fuir Londres et ses dangers en retournant à la campagne dans le domaine familial où il n’avait plus mis les pieds depuis bien des années. Mais peu de temps après son arrivée, il fait une découverte bien étrange : deux jeunes hommes braconnent sur sa propriété et tentent d’abattre un pauvre renard qu’une jeune lady semble vouloir protéger à tout prix. Il ne le sait pas encore mais cette rencontre scellera son destin à jamais et le changera jusqu’au plus profond de lui-même.
Histoire d’amour tragique, beauté d’un roman fatal.
Si vous vous procurez ce livre en vous disant que vous allez y découvrir une quelconque romance ou un énième roman à l’eau de rose, je ne peux que vous déconseillez votre choix. Even dead things feel your love est un roman dur, sombre, tragique même qui vous raconte l’histoire d’un couple sur lequel la vie (et la mort) s’acharne.
Josiah Scarcewillow est un personnage torturé qui pense n’être qu’une coquille vide, un Enfant de la Nuit incapable de ressentir la moindre émotion humaine, un Nosferatu qui se complait dans la luxure et le sang. Mais lorsqu’il va faire la connaissance de Lady Abigale Bellsfort, toutes ses certitudes vont voler en éclats. Il se découvrira homme, apprendra ce qu’est l’amour et souffrira de cela car rien n’est plus douloureux que d’aimer éternellement, même quand on est un vampire.
Mathieu Guibé brise tous les codes de la bit-lit « traditionnelle » à travers un conte vampirique et romantique sombre et profond. Il vous emmène dans l’Angleterre du XIXe siècle, celle de la première exposition universelle à Londres, vous transporte à Hyde Park en compagnie d’Abigale et Josiah et vous fait vivre leur histoire d’une façon à la fois poétique et enchanteresse. Quand vous ouvrez ce roman, vous ne le refermez plus jusqu’à la fin et vous êtes submergé par les émotions et sentiments qui se succèdent.
Mais les pages se tournent, le bonheur laisse place au malheur puis au désespoir. Et quand enfin l’espoir revient, il n’est là que pour une courte durée pour finir sur une note à la fois tragique et magnifique. Ce roman vous transcende l’âme, vous fait éprouver ce que vous pensiez peut être ne jamais éprouver. Du moins, pas tout cela à la fois : solitude, amertume, chagrin, amour, bonheur, espoir & désespoir.
Un roman à la profondeur psychologique parfois déroutante.
Ce roman est une œuvre très riche psychologiquement parlant. En effet, s’il n’y a que peu de personnages, chacun d’eux est très développé d’un point de vue psychologique et Mathieu Guibé nous montre à travers cela tout son talent. Du vampire solitaire au majordome dévoué en passant par la femme amoureuse, ce livre fait plus que vous conter la souffrance d’un vampire.
Raconté tel un journal intime, cette histoire qui se déroule sur deux siècles vous fait naviguer sur des eaux tumultueuses, sur des sentiments à la fois beaux et difficiles qui ne peuvent vous laisser indifférent. Ici, finit le gentil vampire qui ne brûle pas au soleil ou qui ne se nourrit pas de chair et de sang humain, l’auteur nous livre un vampire digne de Dracula mais un vampire qui est capable d’humanité et d’éprouver des émotions.
Rarement une lecture ne m’aura autant touchée et envie de verser des larmes pour le héros à qui il faudra 2 siècles pour se rendre compte de sa propre nature mais aussi de ses propres erreurs. Il tombe, se relève avec beaucoup de difficultés mais se bat pour une cause qui est noble à ses yeux : retrouver l’amour de sa vie sans qui il a perdu toute envie de vivre. Et quand il perd cette envie, il retombe dans ses vieux démons, essayant de se persuader qu’il n’est qu’un enfant du diable et qu’en étant comme cela, il oubliera plus facilement.
Ce roman ne ravira peut être pas tous les lecteurs (est-ce qu’un roman le peut seulement ?) mais c’est un livre que je conseille vivement malgré tout. S’il lie intimement la mort et l’amour, comme dans toutes les grandes tragédies, c’est surtout un roman qui vous parle du fardeau d’un vampire condamné à souffrir pour l’éternité de la perte de la seule femme qu’il a aimé et qui l’a aimé malgré sa nature.
Un conte magnifique et bouleversant mais surtout une œuvre à part entière.
Je suis tout à fait d’accord, j’ai été conquise par ce livre à cause de la façon très inhabituelle dont était racontée ce qu’on aurait pu prendre comme une énième histoire de sang et de mort… Je lis énormément de livres, surtout ceux qui abordent le fantastique pour nous faire mieux comprendre notre réalité. Celui là est une pépite !
Je ne peux qu’approuver : une véritable pépite !